Télécharger le fichier PDF L'Adversaire, by Emmanuel Carrère
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L'Adversaire, by Emmanuel Carrère
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Détails sur le produit
Poche: 219 pages
Editeur : Gallimard (29 août 2002)
Collection : Folio
Langue : Anglais, Français
ISBN-10: 2070416216
ISBN-13: 978-2070416219
Dimensions du produit:
11 x 1,4 x 18,3 cm
Moyenne des commentaires client :
4.2 étoiles sur 5
100 commentaires client
Classement des meilleures ventes d'Amazon:
1.012 en Livres (Voir les 100 premiers en Livres)
S’atteler à écrire un livre sur un fait divers aussi sordide que le quintuple meurtre de Jean-Claude Romand n’est pas une mince affaire, même pour un écrivain aussi confirmé qu’Emmanuel Carrère… On risque sans cesse de tomber dans le sensationnalisme ou dans la fascination morbide, voire dans une complaisance du plus mauvais goût. Carrère ne s’engage d’ailleurs dans cette voie qu’avec des pincettes. Il regimbe, raconte les longs dilemmes moraux qui ont précédé ses premiers contacts avec le « Monstre », semble sans cesse hésiter sur la position à tenir, celle de simple observateur horrifié, de juge (et face à une affaire de ce type, nous nous intronisons tous juges…), de journaliste ou de romancier. De ce nuage d’incertitudes, émergent plusieurs grandes questions auxquelles l’auteur va tenter de répondre avec un succès plus ou moins mitigé : où débute la folie d’un homme ? Comment se construit-elle ? Et où se dissimule « l’Adversaire », cette essence du Mal et du Mensonge qui se calfeutre au fond de chacun : de vous, de moi ou de ce voisin à l’apparence si banal et au visage si doux ?Résumons un peu le drame pour ceux – et j’en fais partie – que les faits divers laissent habituellement indifférents : le matin du 9 janvier 1993, Jean-Claude Romand, médecin renommé à l’OMS et bon père de famille, assassine son épouse et leurs deux jeunes enfants avant de se rendre chez ses propres parents de les abattre par balle. Voisins et amis sont bien entendu horrifiés en apprenant les faits, mais ils ne sont pas au bout de leur stupeur. L’enquête de la police ne va pas tarder à révéler qu’absolument rien n’était normal dans la vie de ce quadragénaire si rangé : il n’a jamais eu son diplôme de médecine, n’a jamais exercé de métier à l’OMS – n’a jamais travaillé tout court d’ailleurs –, n’a jamais eu le cancer qu’il prétendait avoir contracté, a passé la majorité de sa vie à escroquer ses proches pour soutenir son train de vie familial… Toute une vie basée sur une pyramide de petits et d’énormes mensonges ! Et quand ce voile de mensonges a finalement été sur le point d’être déchiré, est arrivé l’inéluctable, l’épouvantable et irréversible dénouement.Comme bien d’autres personnes à l’époque des faits, Emmanuel Carrère – lui-même mari et père – a cherché à « comprendre » le drame et, en bon écrivain, a tenté de nous faire partager cette quête de la vérité. Y a-t-il réussi ? En ce qui me concerne, la réponse sera mi-figue, mi-raisin : certes, je suis prête à reconnaître que « L’Adversaire » est un ouvrage intéressant et reflète un excellent travail journalistique, mais il reste tout de même une relative déception. Malgré tous ses efforts et quelques pistes de réflexion prometteuses, l’auteur semble avoir du mal à dépasser la surface des faits et à décortiquer en profondeur les motivations du meurtrier. Dure tâche, j’en suis bien consciente, mais sans cette nécessaire profondeur, « l’Adversaire » ne parvient pas à être autre chose qu’une biographie romancée de bonne facture. En ce qui me concerne, j’en suis ressortie aussi révulsée et perplexe qu’au début de ma lecture et avec le sentiment d’avoir à peine effleuré le sujet du livre. En conclusion, une lecture plutôt intéressante, mais dont j’attendais un peu plus…
Pour moi, ce n'est pas un roman. C'est plus une recherche d'Emmanuel Carrère pour essayer de comprendre comment un individu peut passer sa vie à se mentir et à mentir à son entourage jusqu'au jour où ils tuent tout le monde car le rêve qu'il s'est construit risque de s'écrouler faute d'argent. On a envie de savoir comme l'auteur. Mais, en même temps, on est saisi en pensant que cela s'est passé en vrai. On oscille entre l'horreur et la pitié pour cet homme qui souffre de son geste. Mais, c'est quand même un criminel. Ce livre nous enseigne que la vie n'est pas un jeu, que la réalité doit être affronter pour être véritablement heureux.
Comme d'habitude Emmanuel Carrère nous a apporté un ouvrage extrêmement bien écrit. Il a le don de choisir les bons mots au bon moment. Il ne prend jamais la défense de M. Romand, ni ne cherche à l'inculper. Et la il est fort : à l'issu de cette lecture on se dit que cette homme peut être tout le monde ! Un livre d'une rare délicatesse sur un homme pour en arriver la bien dérangé !
Comment raconter l'histoire vraie d'un affabulateur qui a assassiné sa propre famille et ses parents, sans tomber dans le pathos ou le réquisitorial ? C'est pourtant ce qu'Emmanuel Carrère réussit en racontant ce drame qui fit grand bruit en 1993, et qui suscite aujourd'hui encore tant d'interrogations. Sa narration dépouillée et factuelle permet de ressentir la stupeur et l'incrédulité qui accompagnèrent la découverte de cette tragédie, et sa longue genèse.Après un incipit qui laisse réfléchir chacun à ce qu'il faisait au moment où Jean-Claude Romand tuait sa femme et ses deux enfants, puis ses parents - à l'instar de notre emploi du temps le 11 septembre 2001-, l'incendie et la découverte des trois premiers corps est relatée selon le point de vue de Luc, son meilleur ami. En quelques jours, les vérités effroyables et inconcevables anéantissent les versions « rassurantes » de la chaudière défectueuse, puis du crime exogène. Les révélations provoquent d'autant plus la nausée et l'abattement qu'elles font vomir cette chimère de près de vingt ans de mensonges, que Jean-Claude nourrissait en se faisant passer pour un éminent chercheur à l'OMS, un professeur de médecine à l'Université de Dijon, un ami des ministres et un conférencier internationalement demandé.C'est cette vie d'impostures que raconte « L'Adversaire ». Cette vie qui dura dix-huit ans et pendant laquelle Jean-Claude réussit à tromper tout son monde. Cette vie passée dans les forêts du Jura ou sur les aires d'autoroute, et qui ne sert de couverture à aucune autre vie - espionnage, réseau mafieux - qu'aurait pu avoir Jean-Claude.Romand s'engagea clairement sur le chemin du mensonge au terme de sa deuxième année d'étude de médecine, à la suite d'un rejet de la part de celle qui allait finalement quand même devenir sa femme. Il ne se présenta pas aux examens de deuxième année, et prétendit à ses parents, et plus tard à ses amis, les avoir réussis. Ce qui n'était au départ qu'un mensonge né d'une déprime amoureuse s'amplifia lorsqu'il justifia par un cancer son retrait temporaire de la faculté. « Il aurait préféré souffrir pour de bon du cancer que du mensonge, (...) mais le destin avait voulu qu'il attrape le mensonge et ce n'était pas sa faute s'il l'avait attrapé. »En plus de ses qualités littéraires, ce parallèle entre cancer et mensonge met en lumière la prise de conscience d'Emmanuel Carrère sur le traitement de faveur qu'il regrette réserver à Jean-Claude par moment:« Mais je me rends compte avec le recul que je l'ai tout de suite caressé dans le sens du poil en adoptant cette gravité compassée et compassionnelle et en le voyant non comme quelqu'un qui a fait quelque chose d'épouvantable mais comme quelqu'un à qui quelque chose d'épouvantable est arrivé, le jouet infortuné de forces démoniaques. »A-t-il affaire à la victime d'un destin funeste qui ferait de lui une figure de tragédie, ou à un assassin de la pire espèce, dénué de toute culpabilité, et doublé d'un escroc choisissant ses victimes parmi ses proches ?Cette difficulté à se positionner face à Romand lui fit mettre de côté pendant deux ans son récit, qu'il n'arrivait pas à finaliser. Une fois qu'il put définir Jean-Claude comme ce qu'il estime être vraiment, notamment grâce à la correspondance qu'il continua à échanger avec lui, cet obstacle fut levé. Et l'Adversaire, celui que la Bible appelle Satan, put nous être présenté dans toute sa séduction, sa duplicité, et son incroyable capacité de malfaisance.
Ce qui ressort de cette lecture, c'est l'humain, témoigner de ce qui peut se passer dans l'esprit d'un homme gagné par la folie, qui, elle-même, n'en est pas veritablement une. L'expression plusieurs fois employée de quelqu'un qui vit un drame terrifiant avant d'en être l'auteur me semble particulièrement justifiée. Je viens de voir le film de Nicole Garcia, il est d'une fidélité absolue en se faisant le miroir de toutes les incohérences du personnage.
Une histoire vraie ... mais dont on peine à croire la réalité tellement cela nous semble impossible . Tant d’années de mensonges... pour un final hélas tragique et aujourd’hui connu de tous .J’ai regardé le film ensuite, très prenant, a voir en complément .Chacun se fera son idée, c’est un sujet réel et donc sensible .
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